Pourquoi la détection métallique n'a t'elle pas été complément interdite en France en décembre 1989 ?
Ha qu'elle est loin cette décennie des années 80...
Si aujourd'hui tous les prospecteurs de France et de Navarre peuvent encore poêler - dans le respect des lois bien sûr - peu d'entre eux se souviennent qu'elle a échappé à une interdiction totale en cette fin d'année 89 et encore moins se souviennent pourquoi !
Cette petite rétrospective va vous expliquer comment M.Mofroy, avec ses collègues de l'Association de Prospection et de Détection Auboise ( APDA ), aidés de leur sénateur de l'époque M.Miroudot, sont parvenus à sauver la détection. ( n'ayons pas peur des mots ).
Replongeons-nous donc dans le contexte de la fin de ces années 80.
Le récent pillage du temple Gallo-romain de la forêt d’Halatte sur la commune d’Ognon dans l’Oise est encore dans tous les esprits. Cet acte - déjà fort médiatisé à l'époque - provoque un certain émoi chez les prospecteurs et une levée de boucliers des archéologues. Se basant sur la recommandation 921 du Conseil de l’Europe ( 1981 ) qui traite des dangers d’une détection anarchique, et devant l’urgence à réagir face à des pillages répétés, une nouvelle loi pour légiférer sur l'usage des détecteurs de métaux est en préparation à l'assemblée...
Bon nombre de prospecteurs s’y intéressent de près et prennent alors toute la mesure de la situation ; la nouvelle loi ne prévoit ni plus ni moins que l'interdiction pure et simple de la détection !
M.Mofroy et ses collègues de l'APDA comprennent qu'il y a péril en la demeure et qu'il faut agir rapidement s’ils veulent sauver leur loisir !
C'est alors qu'ils prennent la décision de contacter directement tous les sénateurs et députés de France pour les alerter et les sensibiliser contre cette loi liberticide.
Dans leur action, ils constituent une "intersyndicale" de la détection avec une autre association Auboise.
Ils vont ainsi envoyer un courrier de 6 pages à chacun des députés et sénateurs de l'époque !
Une époque où, faut-il le rappeler aux plus jeunes, l'ordinateur tel que nous le connaissons et les moyens de communication par mail n'existaient pas !
Tout fut tapé à la main car il fallait que chaque courrier soit nominatif.
Le chiffre donne le vertige : 923 courriers envoyés à l’ensemble des députés et sénateurs.
Imaginez un instant la volonté et la détermination de fer qu'il leur a fallu !
Rien que le pliage et la mise sous enveloppe ont nécessité un travail sur plus de 15 soirées ( après le travail ) à 7 ou 8 personnes.
Enfin, imaginez la taille du carton qu'ils ont remis à la Préfecture de l'Aube pour envoi à chaque député et chaque sénateur !
Parmi les parlementaires ayant répondu à leur courrier, nous pouvons citer parmi les plus célèbres, Julien Dray (Député de l'Essonne), Bruno Bourg-Broc (Vice-Président du Conseil Régional de Champagne-Ardenne), Jean-Michel Belorgey (Commission des Affaires Culturelles Familiales et Sociales), Bernard Debré (Député d'Indre et Loir), Alfred Recours (Député de l'Eure, Conseiller Régional de Haute Normandie), Robert Galley (Député de l'Aube, Maire de Troyes), Jean Anciant (Vice-Président de la Commission des Finances) .......
Mais le bilan ne fut pas des plus encourageants. Les parlementaires ne furent qu'une cinquantaine à répondre à leur courrier. ( Déjà à cette époque, la détection n'intéressait pas nos hauts responsables.)
Pourtant, M.Mofroy et ses collègues ne se sont pas découragés, bien au contraire ! Devant ce manque de réaction de la classe politique, le secrétaire de l'APDA de l'époque (François Cervoni) a rameuté tous les parlementaires Aubois (dont un certains François Barouin) qui se sont arrangés pour leur obtenir un rendez-vous avec le Sénateur Michel Miroudot, rapporteur de la "loi Jack Lang" au Sénat. Rendez-vous que ce dernier accepta. ( Heureusement ! )
Lors de leur entretien avec M.Miroudot, M.Mofroy et ses collègues ont insisté sur le côté liberticide de cette nouvelle loi en préparation. Le Sénateur a écouté leurs arguments avec intérêt et, lors de ses interventions au Sénat et à l'Assemblée Nationale, il a su "modérer" l'étendue de la loi qui initialement interdisait purement et simplement l'usage d'un détecteur de métaux, laissant ainsi libre l'usage d'un détecteur à des fins de loisirs tel que la loi le permet depuis : recherche de biens privés ou familiaux, d’objets perdus, de bijoux, de tuyauteries etc… ( Cf. rapport Miroudot ).
D'ailleurs, dans tous les écrits (anciens et récents), M.Mofroy à toujours rendu hommage au Sénateur Michel Miroudot pour sa sagesse. ( Il n'est malheureusement pas possible d'en dire autant de Monsieur Jack Lang, à qui M.Mofroy a envoyé plusieurs courriers - dont certains en recommandés - auxquels le ministre n'a jamais dénié répondre ).
Et c'est ainsi, grâce à l'action d'un groupe soudé et déterminé, que la détection fut sauvée en France en cette fin d'année 1989.
Plusieurs témoins de cette action décisive sont malheureusement depuis décédés (François Cervoni, Roland Nigond et les autres.....)
Aussi, amis prospecteurs, lors de vos prochaines sorties, ayez une petite pensée pour les membres de l'APDA qui nous ont quitté et qui se sont battus pour que vive votre loisir encore aujourd'hui.
M.Mofroy quant à lui, toujours combatif avec ses 75 printemps, a continué et continue toujours son combat au sein de la FNUDEM et de l'APDA. ( Et a par ailleurs saisit la commission de la Culture, de l’éducation et de la Communication en 2011 avec M.Angeli pour à nouveau rappeler la liberté d’utiliser un détecteur à des fins de loisirs comme stipulé dans le rapport Miroudot )
Qu'il en soit remercié !
A titre d’information, M.Mofroy était le co-fondateur de la FNUDEM en 1999, il en fut le président durant deux ans et en est toujours le trésorier depuis une petite quinzaine d’années. Il est bien évidemment toujours membre de l’APDA, qui est fédérée à la FNUDEM et qui rappelons-le, est la plus vieille association de prospecteurs encore existante ( créée en 1982 ).
Une petite pensée également pour un gros commerçant de détecteur, et autres dénigreurs de tout poil qui n’ont que faire de ces actions et ont toujours préféré passer leur temps à critiquer la FNUDEM et M.Mofroy en particulier lorsqu'il en était le président.
S'ils peuvent encore vivre de leur " business " aujourd'hui, qu'ils n'oublient pas à qui ils le doivent et se montrent un peu plus respectueux du travail des associations sérieuses.
A bon entendeur.
Merci de diffuser et relayer cette info le plus largement possible.
Seb