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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Depuis ses 8 ans, Bernard Poitout, féru d’archéologie, regarde le sol et trouve silex du néolithique, pointes de flèche, tessons de poterie, monnaies romaines…
Il y en a qui marchent le nez en l'air. Ce n'est pas le cas de Bernard Poitout. Installé à Noyers-sur-Serein, ce marcheur invétéré ne regarde jamais devant lui, mais toujours au sol. « C'est pour ça qu'il a aujourd'hui le dos bombé », plaisante Marie-Odile, sa femme.
Une habitude qu'il a depuis l'âge de 8 ans. Bernard est passionné d'archéologie depuis son plus jeune âge. « Je suivais l'abbé Duchatel, qui m'a traîné dans ses recherches jusqu'à l'adolescence. » Il attrape ainsi le virus et il a fait de la prospection pédestre de surface sa grande spécialité.
Agrafe de manteau
Son coup d'œil s'est aiguisé au fil du temps. Devenant presque un art de vivre. Plusieurs fois par semaine, cet ancien agriculteur « va faire la plaine », comme il dit. « Ça me fait marcher et ça me maintient en forme. »
Il arpente les champs, les chemins, les bords des routes et il ramasse tout ce qui passe. Rien ne lui échappe, même au volant de son tracteur. Silex du néolithique, pointes de flèche, tessons de poterie, monnaies romaines… Sa période de prédilection va du paléolithique inférieur au début de l'époque mérovingienne. « Les gens ne font pas attention. Quand ils se mettent à regarder, ils se focalisent sur un objet qu'ils voudraient trouver et ils passent à côté du reste. »
Pièces données au musée d'Avallon
Bernard Poitout n'a pas de détecteur de métaux. D'ailleurs, il est contre. Il ne gratte pas, tout se fait au coup d'œil. « Aujourd'hui, tous les sites du secteur sont pillés avec les poêles à frire », s'insurge le marcheur.
Il y a quelques jours, il a trouvé une fibule, une agrafe de manteau, datant de -450 avant J.-C. et plantée dans le goudron sur la route entre Annay et Puits-de-Bon.
« On allait chez des amis à pied et je l'ai trouvée sur la route. Elle a dû être sortie d'un champ dans les roues d'un tracteur. » La grande majorité des gens serait passée à côté. Lui ne l'a pas loupée. Cette petite pièce de bronze sera répertoriée, étudiée et donnée au musée d'Avallon, comme toutes les pièces qu'il trouve. Bernard fait les choses avec une rigueur scientifique et a une autorisation du Service régional d'archéologie pour ses recherches.
Depuis l'âge de 20 ans, il a participé à des dizaines de fouilles, au départ avec Claude Mordant, responsable du service archéologie, et depuis quelques années avec Pierre Nouvel, professeur à l'université de Besançon. Plusieurs étudiants d'archéologie bourguignons ont pris pendant des années leurs quartiers d'été à Puits-de-Bon, dans l'ancienne école.
« Grâce à cette passion, j'ai pu faire des rencontres très intéressantes et m'ouvrir culturellement. »
Il ne s'est pas arrêté entre la Cure et l'Armançon pour nourrir sa passion. À chacune de ses vacances, Bernard Poitout a parcouru toute l'Europe et le Moyen-Orient pour découvrir des ruines et des musées. Des voyages qu'il a toujours faits en voiture et qui l'ont conduit jusqu'à Alep (Syrie) ou en Jordanie.
T. D.